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Interview Expat : Lucie, une française à Ipswich

Interview Expat : Lucie, une française à Ipswich

Lucie devant la patrouille Royal Air Force en Angleterre
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Lucie, originaire d’Angers, nous parle de son expatriation réussie dans une charmante petite ville au Royaume-Uni.

Après une première expatriation en Roumanie dans le cadre de son Erasmus, Lucie a vécu 7 ans à Londres, puis de s’installer récemment dans une charmante petite ville située dans le comté de Suffolk en Angleterre. Découvrez son retour d’expérience et ses conseils utiles dans cette nouvelle interview expat.

// PRESENTATION

  • Prénom : Lucie
  • Age : 30
  • Situation familiale : en couple
  • Profession : Senior Search Strategist
  • Pays et Ville d’origine : France – Angers
  • Pays et ville d’accueil : Royaume-Uni – Ipswich
  • Nombre d’années en expatriation : 8 (dont 1 an en Roumanie)

// AVANT VOTRE EXPATRIATION

Portrait de JulieQu’est-ce qui vous a amené à vous expatrier ?

J’ai fait une fac de langues étrangères et me suis orientée vers un master professionnel qui inclut un semestre de stage (en France ou à l’étranger) chaque année.

J’avais fait mon premier stage de 6 mois en Roumanie et j’ai décidé d’effectuer celui de deuxième année en Angleterre, histoire de perfectionner mon anglais. J’avais donc à l’époque un statut d’étudiante rattachée à une fac française. Pendant ce stage, j’ai rencontré mon compagnon : un britannique. J’ai donc décidé de rester sur place après ce stage (après avoir passé ma soutenance évidemment !).

Les formalités ont-elles été compliquées à remplir ?

En Angleterre, les formalités à l’époque étaient relativement simples : il suffisait d’avoir un passeport européen en cours de validité.

Une fois sur place, il faut prendre rendez-vous avec le Job Center pour passer un entretien avec un conseiller à l’issue duquel on nous attribue un National Insurance Number (équivalent du numéro de SECU). Ce numéro permet de travailler légalement en Angleterre, de s’enregistrer chez un médecin et beaucoup d’autres formalités. Ce numéro est valable à vie donc même si l’on prévoit de partir du Royaume Uni, autant le conserver car si vous revenez même 5 ans plus tard, il sera toujours valable.

Comment s’est déroulé votre déménagement ?

Le plus simplement du monde, je suis montée dans l’Eurostar avec ma valise. Etant étudiante, je n’avais rien à transférer de la France vers l’Angleterre !

// AU COURS DE VOTRE EXPATRIATION

Flat icon drapeau du Royaume-UniParliez-vous anglais à votre arrivée ?

Oui, j’avais fait un master en langues étrangères appliquées et déjà passé un an à l’étranger donc même s’il fallait quand même s’adapter à l’accent britannique et aux accents régionaux de certains collègues, je ne partais pas de rien, ce qui facilite beaucoup les choses.

Est-il facile d’acheter/louer un logement ?

Se loger en Angleterre est relativement facile dans le sens où l’on ne vous demandera pas autant de garanties qu’en France. Par contre le logement est assez cher donc selon le budget dont on dispose, disons que cela peut-être plus ou moins facile.

Quand je suis arrivée à Londres en 2010, je me suis trouvé une chambre en colocation pour £420/mois (avec les factures incluses) en zone 3 mais je ne crois pas qu’on puisse encore trouver ce genre de prix de nos jours. On m’a juste demandé de payer un mois de caution et un moins de loyer d’avance. Je n’avais même pas de contrat de location. A l’époque j’étais passée par Gumtree qui existe toujours aujourd’hui. D’ailleurs, il faut faire attention aux arnaques au logement sur ces sites : en gros si quelqu’un vous demande de payer sans avoir visité de logement, fuyez !

En comparaison, je vis maintenant à Ipswich dans l’Est du pays et pour cet appartement, je suis passée par une agence immobilière (surtout parce que j’avais juste 3 jours pour trouver un logement entre mes changements de jobs).

L’agence immobilière m’avait demandé :

– Mon passeport,
– Une référence (mon ancien propriétaire),
– Un background check pour s’assurer que je pouvais payer. Ils ont donc appelé – Les coordonnées de mon employeur pour vérifier que le salaire que je leur ai annoncé est effectivement celui qui va m’être payé.
– Gagner au moins le double du loyer,
– Payer la caution (6 semaines de loyer) + payer un mois d’avance.

Comme vous pouvez le constater avec une agence immobilière, c’est une autre histoire ! Et c’était relativement simple car je vis en Angleterre depuis 7 ans donc j’ai un certain historique. J’ai entendu dire que pour les nouveaux arrivants c’est parfois plus compliqué.

Ipswich port (Royaume-Uni)
Le ravissant petit port d’Ipswich

Votre intégration a-t-elle été rapide et vous êtes vous facilement adaptée à votre nouveau pays ?

Entre la colocation et le travail, je n’ai pas trop eu de mal à m’adapter et à rencontrer du monde. A Londres, il est très facile de rencontrer des nouvelles personnes, après se faire de « vrais amis » prend un peu plus de temps mais c’est partout pareil.

Maintenant que j’habite à Ipswich, je vois quand même la différence : à Londres, on rencontre du monde tout le temps sans faire trop d’effort tandis qu’à Ipswich, il faut vraiment se bouger. Du coup cette année, je me suis mise au yoga, j’ai rejoins le site meetup.com où il est proposé plein de sorties en groupe, et j’accepte toutes les sorties avec les gens du boulot histoire de rencontrer un maximum de personnes que possible.

“Je trouve qu’il est plus facile de se lier d’amitié avec d’autres étrangers qu’avec des britanniques.”

Avez-vous des amis locaux et quels sont vos conseils pour se lier d’amitié avec eux ?

Mes amis viennent d’un peu partout : britanniques, français (ça fait toujours plaisir de voir des compatriotes !) et pas mal de personnes venant des Pays de l’Est notamment Roumanie et Pays Baltes. Je trouve qu’il est plus facile de se lier d’amitié avec d’autres étrangers qu’avec des britanniques. C’est peut-être lié au fait qu’on a déjà en commun le fait de vivre à l’étranger ? Allez savoir.

Là où je travaille ce sont essentiellement des britanniques qui ont grandit à Ipswich ou dans les environs et qui ont leur famille, amis avec qui ils ont toujours évolué autour d’eux c’est donc assez difficile d’intégrer ce genre de groupe déjà formé depuis longtemps. Mon compagnon est britannique mais vient d’une autre région donc il est dans la même situation que moi.

Mes conseils seraient les suivants :

– Au travail, acceptez les invitations à faire des activités ensemble,
– Repérez les gens qui comme vous viennent de débarquer et ne connaissent personne (ils seront ravis de se faire approcher !),
– Multipliez les activités en dehors du travail : sport, cours divers,
– Rejoignez meetup.com, c’est super efficace.

Panneau ville d'Ipswich au Royaume-Uni
Panneau routier de bienvenue de la ville d’Ipswich

Fréquentez-vous d’autres expatriés, français ou autre ?

Depuis que je suis à Ipswich, je ne connais que 2 autres français donc je ne fréquente plus vraiment les cercles d’expatriés français.

Comment sont perçus nos compatriotes ?

Au Royaume Uni, je dirais qu’on n’est pas trop mal perçu. On se fait charrier de temps en temps mais ce n’est jamais méchant. Enfin, du moins c’est comme ça que je le ressens. Les britanniques aiment bien se moquer mais ils sont aussi très polis. Personnellement, je n’ai jamais eu droit à des commentaires déplacés depuis que je vis ici.

Lucie dans la campagne anglaiseQuels sont les changements dans la vie de tous les jours qui vous ont le plus marqué ?

1 – Les magasins ouverts tous les jours, c’est le premier truc que j’ai remarqué. On s’habitue très vite à avoir tout à disposition presque tout le temps.

2 – Les RDV chez le docteur qui ne durent que 10 minutes. En gros, un RDV = 1 problème. Si vous avez plusieurs problème à présenter, il faut revenir plusieurs fois. Autre détail : les docteurs donnent très peu de médicaments et sont moins tactiles que les médecins en France.

3 – Les gens qui dans les magasins et supermarché vous appellent “my love“, “darling“…c’est mignon.

4 – Le compteur électrique rechargeable (ce n’est pas partout) : dans mon appartement, je ne paie pas de facture d’électricité mais je recharge une carte avec des £, ensuite je mets cette carte dans mon compteur et il est rechargé. C’est un système de “pay as you go” pour l’électricité. Comme vous pouvez vous en douter, il ne faut pas oublier de recharger la carte sinon on n’a plus de courant. L’avantage c’est qu’on ne paie que ce qu’on consomme et qu’on évite les frais en tous genres quand on change de logement (frais de clôture de compte, “ajustements”…)

Un + au Royaume-Uni : L’ouverture d’esprit des gens en général avec le petit côté « fou fou » des britanniques !

Quels sont les + et les – de votre pays d’expatriation ?

Les plus : je reste proche de la France, j’ai un environnement de travail vraiment sympa et même s’il est vrai que je peux perdre mon emploi facilement, je peux aussi en trouver facilement. L’ouverture d’esprit des gens en général avec le petit côté « fou fou » des britanniques.

Les moins : le coût du loyer, le coût du transport…bref, le coût de la vie qui n’est pas donné.

Pour réussir son intégration, quel est le meilleur conseil que vous puissiez donner aux nouveaux expatriés ?

Garder un esprit ouvert, essayer de comprendre pourquoi les gens sur place font les choses de telle ou telle façon. Se motiver et bouger pour rencontrer du monde, même si parfois la motivation n’est pas toujours là.

// VOTRE QUOTIDIEN D’EXPATRIEE

Julie souriante avec son chapeauCôté professionnel, y-a-t’il beaucoup de différences avec la France ?

Malheureusement, je ne saurais pas vous répondre vu que j’ai quitté la France quand j’étais étudiante.

Avez-vous conservé vos habitudes alimentaires ?

Certaines oui : je mange toujours mes tartines le matin et je bois mon thé sans lait. Pour le reste, je m’adapte, au final l’Angleterre reste assez proche de la France dans la vie de tous les jours. Ou alors, je me suis vraiment habituée et je ne vois plus les différences.

Les infrastructures publiques sont-elles suffisamment développées ?

Oui, on a accès à tout ce dont on a besoin assez facilement. C’est peut-être différent dans d’autres régions mais là où je vis je n’ai pas à me plaindre.

Ipswich City Hall au Royaume-Uni
Mairie d’Ipswich

Parlez-nous de l’offre culturelle et des loisirs proches de chez vous.

A Ipswich, l’offre culturelle est assez limitée : nous n’avons que quelques musées et quelques expos de temps en temps. Par contre, nous sommes à 1h de train de Londres donc on peut facilement accéder à la culture là-bas.

En revanche, il y a beaucoup de festivals, de concerts notamment dans les pubs le week-end et en plein air en été. Les loisirs sont surtout en plein air ici avec la mer pas loin, les randonnées en campagne ou forêt, les visites de sites historiques…

“La plupart des expatriés vous diront que si vous allez voir votre docteur, il va vous donner du paracétamol et vous recommander de vous reposer !”.

Le système de santé répond-il complètement à vos attentes ?

Ah ! Le système de santé britannique ! Oui et Non.

Disons que le NHS c’est super quand on n’est pas malade et quand on n’est pas malade, on n’a pas besoin de docteur. Je suis peut-être un peu dure mais la plupart des expatriés vous diront que si vous allez voir votre docteur, il va vous donner du paracétamol et vous recommander de vous reposer : “un p’tit paracétamol et au lit !” comme on a pris l’habitude de dire ici.

Mon employeur nous a proposé une mutuelle à tarif préférentiel et je l’ai prise cette année, histoire d’avoir accès à un meilleur service si besoin.

Lucie en visite dans un village anglaisEst-ce qu’il est facile de pratiquer du sport dans votre ville/région ?

Oui, l’offre est relativement fournie. On trouve tous les sports classiques et vu qu’on est proche de la mer et qu’on a quelques grandes rivières dans le coin, nous avons tous les sports d’eaux.

Voyagez-vous dans d’autres pays voisins ?

Dès que possible, j’ai l’aéroport de London Stansted à 1 heure de la maison et il est connecté à un grand nombre de destinations en Europe, c’est très pratique. On a même une navette à quelques minutes à pied de la maison qui nous emmène directement aux portes de l’aéroport, vraiment pratique là encore.

Globalement trouvez-vous le niveau de vie plus ou moins cher qu’en France ?

Certaines choses sont moins chères en France, d’autres sont plus chères. Au final, je pense que ça doit se rejoindre. Les loyers sont relativement chers en Angleterre et pas seulement à Londres, disons qu’à moins d’aller dans le nord du pays, il faut s’attendre à dépenser pas mal en loyer. Heureusement, dans la plupart des villes on est quand même loin des loyers londoniens.

// VOS RACINES

Illustration d'un coq aux couleurs de la FranceVous est-il déjà arrivé d’avoir “le mal du pays” ?

Oui, évidemment. L’an dernier, j’ai même commencé à regarder sur LinkedIn pour voir s’il y avait des jobs dans ma branche en France. J’avais aussi regardé la procédure pour rentrer. Et puis c’est passé.

Disons que de temps en temps, j’ai le mal du pays mais que l’an dernier c’est la première fois que j’ai activement recherché le sujet. C’est peut-être aussi l’effet Brexit. Ca arrive de plus en plus souvent depuis l’année dernière quand même.

Avez-vous conservé des contacts avec la France ?

J’essaie de garder des contacts en France même si avec le temps, il faut reconnaître que mon cercle s’est bien réduit. Maintenant, c’est surtout la famille et des amis qui eux-aussi sont partis à l’étranger et sont rentrés en France depuis.

Malgré la distance, vous sentez-vous toujours concernée par la politique en France ?

Oui, je suis toujours de loin ce qui se passe en France. La France reste le pays où j’ai grandit et fait mes études. J’ai aussi toute ma famille là-bas donc oui, je suis ce qui se passe.

Qu’est-ce qui vous manque le plus de l’hexagone ?

Le pain, le vin et le fromage, la famille et le temps un peu plus clément qu’en Angleterre. A part ça, pas grand-chose pour être honnête.

Vous sentez-vous toujours française ?

Oui, je me sens toujours française. Et pourquoi pas ? Je n’ai pas fui la France pour échapper à je ne sais quoi, j’ai toujours beaucoup de liens avec mon pays et à moins d’être complètement déconnectée de la France pendant une longue période, je pense que je me sentirais toujours française.

// CONCLUSION

Illustration d'un trèfle à quatre feuilles sur fond bleuAvez-vous d’autres projets d’expatriation ?

Pas pour le moment.

Et si cette expérience en expatriation était à refaire ?

Je le referais sans hésiter.

Les 3 mots qui résument le mieux votre aventure au Royaume-Uni ?

  • Intense
  • Passionnante
  • parfois “Challenging”

// L’Angleterre en vidéo

Découvrez l’excellent reportage “Un week-end so british” de l’émission Echappées belles (diffusée sur France 5). Sophie Jovillard découvre l’Angleterre le temps d’un week-end, débutant son périple par Londres la cosmopolite, l’excentrique, la culturelle. Puis elle se rend à Brighton qu’elle découvre en compagnie de Simon Watkinson et de quelques expatriés. Enfin, elle sillonne la verte campagne anglaise jusqu’au château de Highclere. Prêt pour l’aventure ?

Un week-end so british

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