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Clément, un expatrié français à Séoul

Clément, un expatrié français à Séoul

Clément TOUZARD, expat français en Asie
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Le « pays du matin calme », l’un des derniers endroits en Extrême-Orient à s’être ouvert aux voyageurs du monde entier, séduit aussi les expatriés à la recherche d’une expérience professionnelle à l’international. Parmi eux, Clément, un français installé en Asie depuis 10 ans, qui partage avec nous son expérience réussie d’expat francophone à Séoul.

// PROFIL DE CLÉMENT

  • Prénom : Clément
  • Profession : Regional Supply Chain Development manager
  • Pays et Ville d’origine : France, Paris
  • Pays et ville d’accueil : Corée du Sud, Séoul
  • Nombre d’années en expatriation : 10

// AVANT VOTRE EXPATRIATION

Bonjour Clément, vous résidez actuellement en Asie, à Séoul, qu’est-ce qui vous a amené à vous expatrier en Corée du Sud ?

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Bonjour French Radar ! Comme beaucoup, j’ai choisi la Corée par opportunisme. Ayant commencé ma carrière dans un cabinet de conseil à Paris, je me suis vite donné comme objectif d’obtenir une expérience professionnelle à l’international. Cela n’était pas seulement pour moi un objectif de carrière, mais aussi une possibilité de combiner évasion et développement personnel. De là, l’Asie a toujours été un continent particulier pour moi : c’est une région qui s’est construite avec une identité culturelle très forte, tout en démontrant un dynamisme économique impressionnant. La Corée du Sud en est un bel exemple.

Pour construire votre projet d’expatriation, comment vous êtes-vous organisé et quelles ont été vos sources d’information ?

Mon premier point d’entrée a été un programme d’échange auquel j’avais pu participer dans le cadre de mon Master en Supply Chain : 6 mois à Taipei, Taiwan. Cette expérience a été ma première vraie excursion à l’étranger sur une longue période. Elle m’a donné un premier aperçu de cette vie d’expatrié. Le plus difficile est cependant d’arriver à décrocher un premier poste à l’étranger. Dans mon cas, c’est une offre en ligne dans le groupe Bolloré Logistique qui a été ma porte d’entrée : je pense avoir été au bon endroit, au bon moment. Ce fut ensuite à travers les expériences de mes collègues de travail et mes premiers amis sur place que j’ai réellement pu découvrir la vie locale.

Les formalités pour pouvoir rester dans le pays ont-elles été compliquées à remplir ?

L’obtention du visa de travail en lui-même peut s’avérer très compliquée si l’entreprise qui nous accueille se refuse à nous aider dans ces démarches. Le renouvellement du visa est cependant relativement simple en Corée : peu de documents sont nécessaires et cela se fait assez rapidement dans la plupart des cas.

La France en Corée : Ambassade de France à Séoul

Devoir quitter la France, votre famille, vos amis, votre quotidien, pour partir à l’autre bout su monde, est-ce que psychologiquement cela se gère facilement ?

L’étape la plus difficile dans mon cas a été le premier départ sans date de retour précise : je ne me posais pas beaucoup de questions lors de la préparation car j’avais un objectif en tête (j’étais trop occupé à préparer ce départ). Cependant, c’est au moment il a fallu dire au revoir à ma famille à l’aéroport que j’ai vraiment réalisé la distance que j’étais en train de mettre entre mes proches et moi, et ce moment a été un peu difficile à gérer. Mais d’année en année, et de visites en visites, cette distance physique n’est pas aussi lourde qu’on peut le penser.

Jardin à Séoul

// VOTRE EXPATRIATION ET INTÉGRATION

Parliez-vous le coréen à votre arrivée à Séoul ?

Absolument pas ! C’est évidemment toujours recommandé et cela donne un avantage certain dans la vie de tous les jours. Pouvoir parler la langue donne une compréhension beaucoup plus profonde du pays. Par ailleurs, le coréen a cet avantage de pouvoir se lire très facilement (phonétique) : son alphabet est très simple à comprendre. Cela dit, l’anglais reste relativement très présent à Seoul, et la plupart des coréens le parlent (plus ou moins correctement). C’est aussi la langue de travail pour la grande majorité des équipes multinationales en Corée, et il est rare que le coréen nous soit imposé. Ainsi, il est tout à fait possible de vivre à Séoul avec une compréhension limitée du coréen (et c’est mon cas aujourd’hui).

Selon vous, comment sont perçus nos compatriotes en Corée du Sud ?

Les occidentaux sont majoritairement anglophones (américains en particulier). Pendant très longtemps, les seuls occidentaux étaient principalement soit des soldats américains (plusieurs grandes bases américaines en Corée du Sud) ou des professeurs d’anglais (qui ont été très demandés en Corée pendant plusieurs années). Les français étant minoritaires, notre image « d’étranger » reste associée à celles des anglophones : c’est-à-dire que les coréens nous considèrent bien souvent comme une population à part, avec une image globalement positive. Mais les coréens peuvent reconnaitre les français, et nous restons très bien perçus : la France est un pays très envié, avec une influence culturelle certaine.

La Corée reste un pays bien organisé et s’y adapter est globalement simple.

Votre intégration a-t-elle été rapide et vous êtes-vous facilement adapté à votre nouvelle vie coréenne ? Fréquentez-vous d’autres expatriés, francophones ou autre ?

L’intégration est rapide si on a la chance d’être épaulé par une entreprise ou quelques amis sur place. La Corée reste un pays bien organisé et s’y adapter est globalement simple. Les coréens restent très majoritairement accueillants et bienveillants. En revanche, il y a une réelle différence culturelle de philosophie de vie entre les français et les coréens, qui peuvent se montrer parfois très matérialistes et avoir une grande difficulté à penser par eux même sur beaucoup de sujets. C’est certainement la raison principale pour laquelle je fréquente majoritairement en privé des francophones et des coréens ayant eu une expérience internationale forte.

Pour réussir une intégration en Corée du Sud, quel est le meilleur conseil que vous pourriez donner aux nouveaux expatriés qui s’installent ?

Découvrir le pays en se faisant un petit groupe d’amis français ou coréens francophones sur place qui peuvent nous aider à comprendre rapidement les codes culturels et surmonter certains obstacles administratifs ou de la vie de tous les jours. Certains conseils pratiques évitent bien des soucis !

Quels sont les changements culturels dans la vie de tous les jours qui vous ont le plus surpris ?

Les quartiers animés la nuit : la plupart des grands quartiers de Séoul ne dorment jamais ! (hors effet coronavirus). Lycéens, cadres d’entreprises ou groupes d’amis de tout âge se retrouvent toujours dans des bars, restaurants, karaokés, clubs ou cafés qui ne ferment que très tard ! Les rues sont très animées toute la nuit, avec beaucoup de lumière, de musique, et de jeunes gens titubants. Il y a aussi une réelle sécurité dans la rue : il est tout à fait normal de poser son smartphone sur une table de café pour la réserver avant d’aller commander au comptoir. De même que la très grande majorité des portefeuilles, des téléphones et des vêtements perdus dans des endroits publics se retrouvent sans grande difficulté.

Rue de Séoul

// VOTRE QUOTIDIEN D’EXPATRIÉ

Avez-vous conservé vos habitudes alimentaires françaises ?

Bien souvent oui ! Boire son café chaud plutôt qu’avec des glaçons (les coréens raffolent des « ice americanos »), apprécier la qualité d’un vrai fromage (une perle rare à Seoul) et pester sur la qualité du pain en Corée sont des choses courantes. Cependant, j’ai également pris gout a beaucoup de plats coréens. Le yukhoe bibimbap est l’équivalent coréen du steak tartare français, qui se mange dans un bol de riz avec un œuf et des légumes : un vrai régal.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le mode de vie coréen et inversement ?

Il est facile de prendre gout à la vie en Corée : la sécurité, la simplicité des transports, l’attention au service client, la propreté des lieux publiques, et une population bien souvent très amicale.
A l’inverse beaucoup de choses peuvent nous manquer aussi de la France : une certaine authenticité, une réelle culture de la discussion (ou du débat), un patrimoine très riche (sur plusieurs aspects) et surtout un certains « Art de vivre », allant du respect des vacances en entreprises, à la protection de la vie familiale.

Le système de santé coréen est-il similaire à celui en place en France ?

Les infrastructures, les compétences et la qualité des prestations sont globalement d’un niveau similaire. La différence se retrouve surtout sur la flexibilité et la réactivité des hôpitaux et cliniques côté coréen (rendez-vous et extraction d’une dent de sagesse en 5h après un appel par exemple), contre une approche plus publique du système de santé en France ou il y a une réelle confiance au médecin, alors qu’il n’est pas rare de devoir faire plusieurs cliniques pour plusieurs devis en Corée afin de vérifier le prix proposé (la majorité des établissements étant privés). En termes de sécurité sociale, le système français est plus protectionniste, mais la Corée offre tout de même de bonnes bases.

Les loyers sont moins chers qu’à Paris, et les locations se font sans trop grande difficulté.

Est-il facile de trouver un travail et un logement quand on désire s’installer dans la ville de Séoul et plus largement en Corée ?

Le logement est simple à obtenir (même si les prix flambent) : globalement, les loyers sont moins chers qu’à Paris, et les locations se font sans trop grande difficulté : il y a plusieurs types de logements et plusieurs types de contrats qui permettent des approches différentes.
Le travail en revanche est beaucoup plus difficile à obtenir : il faut être au bon endroit et au bon moment et être sur place sans le visa approprié n’offre pas vraiment d’avantage majeur. Les opportunités existent, mais elles se font surtout à travers le réseau.

Quel est le quartier de votre ville d’adoption que vous affectionnez tout particulièrement, et pourquoi ?

J’apprécie beaucoup la petite rivière de Cheonggyecheon : elle est toujours animée, pas très loin des palais royaux (Gyeongbokgung et Deoksugung), longe des quartiers animés (Euljiro et Myeongdong), offre de beaux spectacles en été comme en hiver (festival des lanternes) et c’est aussi toujours un plaisir de s’y promener.

Floraison d'un arbre

// VOS RACINES FRANÇAISES

La culture francophone existe-t-elle à Séoul ?

Oui, mais elle est discrète ! Il y a tout d’abord le quartier français de Seolaemaeul, avec son lycée français, son parc « Mont Martre » et ses multiples boulangeries, restaurants français. Il y aussi un grand nombre de coréens qui étudient le français. La Corée du Sud est d’ailleurs membre observateur de la Francophonie. Cela contraste avec le petit nombre de français en Corée (autour de 3.000).

Vous est-il déjà arrivé d’avoir “le mal du pays” ? Avez-vous conservé des contacts avec la France et à quelle fréquence y retournez-vous ?

Pas vraiment. Je retourne régulièrement en France (une à deux fois par an) et je tiens des contacts réguliers avec ma famille. Le fait aussi d’être avec des francophones en Corée atténuent pour beaucoup ce mal. Globalement, la distance se gère facilement, même si mon objectif à long terme est bien un retour en France. La Corée reste un petit pays, et on y en a vite fait le tour.

Qu’est-ce qui vous manque le plus de l’hexagone ?

La famille, le patrimoine, la cuisine et ses opportunités de voyages en Europe aussi (la facilité de voyager dans l’UE est une chance qui n’est pas assez reconnue).

Temple coréen

// CONCLUSION DE L’INTERVIEW

Les 3 mots qui résument le mieux votre aventure à Séoul ?

Sur le plan personnel : « accomplissement » parce que je sens avoir réellement évoluer à travers toutes ces riches expériences, et avoir pu vivre des choses qui me paraissaient hors de portée.
Sur le plan professionnel : « essor » car je ne pense pas avoir pu me développer aussi rapidement si mes postes avaient été basés en France.
Et sur mon expérience de manière générale : « épanouissement » car je n’ai sincèrement pas vu ces années passer en Corée et en Asie.

Et si cette expatriation coréenne était à refaire ?

Je n’hésiterai pas ! Mais sachant aujourd’hui les années que j’y ai passé, je me serai certainement forcé à apprendre le coréen plus consciencieusement. Je pense que le choix du pays était le bon. Un pays suffisamment diffèrent culturellement pour une expérience riche, suffisamment moderne pour offrir de réelles opportunités et suffisamment aisé à vivre pour s’y projeter sur plusieurs années.

Pour conclure cette interview expat, que pouvons-nous vous souhaiter de bon pour l’avenir ?

La réouverture des frontières après ces deux années de covid. Trop de pays restent à explorer !

Vidéo : Destination Corée du Sud ! – Échappées belles

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