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Interview expat : Charles, expatrié français dans le Queens

Interview expat : Charles, expatrié français dans le Queens

Interview portrait expat USA Charles Tumiotto Jackson
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Le travail et les études ne sont pas les uniques raisons qui poussent les francophones à s’expatrier. Il y a aussi tout simplement l’amour.

Rencontre avec Charles, jeune français marié à une américaine, qui n’a pas hésité à traverser l’océan Atlantique, pour s’installer et vivre avec son épouse dans le Queens aux USA. Il nous raconte son projet d’expatriation, son intégration accompagnée de l’inévitable choc culturel, puis son quotidien de Frenchie expatrié au pays de l’Oncle Sam. Un retour d’expérience une nouvelle fois riche en information.

// PROFIL DE CHARLES

  • Prénom : Charles
  • Age : 26
  • Situation familiale : Marié
  • Profession : Consultant Réseaux Sociaux
  • Pays et Ville d’origine : France, Le Tampon (La Réunion)
  • Pays et ville d’accueil : USA, New York
  • Nombre d’années en expatriation : 1 an et demi

// AVANT VOTRE EXPATRIATION

Valise avec le drapeau français lors d'un déménagement à l'étrangerBonjour Charles, qu’est-ce qui vous a amené à vous expatrier aux Etats-Unis et à choisir New York ?

Fin 2018, je me suis marié à Paris avec une américaine. Après notre mariage, on s’est demandé où envisager le futur de notre relation et de notre vie pour les quelques prochaines années. Etant donné que ma femme est comédienne, qu’elle a toujours voulu vivre à New York, et que des circonstances ont fait que la galère pour trouver un appartement n’en était pas une, nous avons choisi New York. Ça semblait être le bon moment.

Pour construire votre projet d’expatriation, comment vous êtes-vous organisé et qu’elles ont été vos sources d’information ?

Essentiellement des blogs, et quelques sites web dont French Radar (ndlr : merci !). Je me suis surtout focalisé sur des retours d’expérience afin d’avoir des informations plus concrètes et pratiques que ce qu’on lit sur les sites officiels. Un peu de YouTube aussi. Mais c’était assez édifiant de me rendre compte du peu d’informations disponibles sur le sujet. En particulier sur tout ce qui touche à l’immigration.

Les formalités pour pouvoir rester dans le pays ont-elles été compliquées à remplir ?

Etant marié à une américaine, j’ai pu faire une demande de Green Card. Ce qui a été très long et fastidieux. Ce ne sont pas tellement les formulaires qui sont longs à remplir, mais plutôt s’assurer de fournir les bons documents, de ne rien oublier, de tout traduire comme il faut, de tout organiser, de s’assurer que les informations que l’on a sont bien à jour. Cela demande beaucoup de rigueur et beaucoup d’énergie mentale de s’assurer que tout est bien en ordre.

Ce qui est aussi difficile, c’est le flou autour de ces démarches. Je me rappelle que tout le monde autour de moi me disait que les démarches pour les Etats-Unis étaient difficiles et qu’obtenir une Green Card était presque impossible. C’est difficile de garder la motivation d’aller au bout avec peu d’informations et un discours ambiant qui nous pousse à l’abandon. Mais même si c’est difficile, c’est possible, je peux vous l’assurer maintenant.

Aile d'un avion dans les airs
Et puis un jour décider de tout quitter et de traverser les océans par amour

Quitter la France, votre famille, vos amis, votre quotidien, est-ce que cela a été compliqué à gérer ?

J’ai l’habitude de voyager et de déménager. Même si quitter sa zone de confort, ses amis, sa famille et ses habitudes est toujours un peu stressant, c’est aussi terriblement excitant de se dire que sa vie va totalement changer. C’est comme partir à l’aventure.

Pour ce qui est des amis et de la famille, le mieux c’est d’avoir un plan. C’est à dire vous préparer au décalage horaire, savoir quelles applications de messagerie et d’appel utiliser pour garder contact (WhatsApp, Signal, FaceTime…), savoir à quels moments de la journée vous pouvez appeler et communiquer. Ensuite, une fois que tous ces aspects techniques sont réglés, il ne reste plus qu’à intégrer les appels dans votre nouvelle routine. Plus simple à dire qu’à faire, mais c’est un début.

// PENDANT VOTRE EXPATRIATION

Drapeau américain flottant au ventParliez-vous anglais à votre arrivée au pays de l’oncle Sam ?

Oui, je parle anglais avec ma femme depuis notre rencontre. Nous nous sommes rencontré en 2017, j’étudiais à Nashville, dans le Tennessee, pour un semestre. Lorsque je suis arrivé sur place à l’époque, j’étais persuadé de parler anglais couramment. Je me suis vite rendu compte que comprendre les séries américaines sur Netflix, sous-titrées en français, et avoir une conversation avec un américain, étaient deux choses bien distinctes. Cela n’a pas particulièrement été dérangeant cependant, il y a toujours moyen de se faire comprendre.

Selon vous, comment sont perçus nos compatriotes outre-Atlantique ?

J’ai vu de tout. Vraiment de tout. On a cependant presque toujours droit à l’hésitant “Bonjour, je m’appelle X” suivi de la fameuse anecdotes sur les 2 ans de cours de français qu’ils ont pris au lycée mais entièrement oublié.

Certains américains sont curieux du mode de vie à la française, d’autres se demandent ce qu’on pense de Donald Trump ou du 11 septembre, d’autres ne savent pas que Paris n’est pas la capitale de l’Europe. Au pire il faut s’attendre à de l’indifférence, au mieux il faut être prêt à parler de pain, de vin et de fromage pendant des heures.

Votre intégration a-t-elle été rapide et vous êtes vous facilement adapté à votre nouvelle vie américaine ?

On s’intègre vite si on comprend que la vie américaine est différente de la vie européenne. Entre les films et les séries, on peut vite penser connaître et comprendre la culture américaine. Une fois sur place, on se rend compte des différences dans les relations sociales, le choix de mots, les rythmes de vie très différents. On a aussi tendance à imaginer qu’aux Etats-Unis, étant un pays riche occidental, comme la France, les choses s’y passe globalement de la même façon. Sauf que pas vraiment. Une fois que l’on comprend cela et que l’on s’ouvre un peu l’esprit, l’adaptation est rapide et facile. Autrement, on devient aigri et frustré très vite.

New York City, Time square
A moins de 15 minutes du Queens, l’effervescence de Times Square

Fréquentez-vous d’autres expatriés, français ou autre ?

Pas vraiment. Je ne vis pas dans Manhattan où vivent et sortent la plupart des expatriés.

Est-il facile de trouver un travail et un logement quand on désire s’installer à New York ?

Il faut être vif et avoir des moyens. Les cautions sont souvent énormes et les loyers se paient souvent en cash. Il arrive que les propriétaires demandent des “credit check” ou autre pour s’assurer que vous êtes bon payeur, documents que vous ne pouvez pas fournir si vous n’êtes pas américain. Ça rend la recherche plus difficile. Mais heureusement, encore beaucoup de propriétaires ne se contentent que d’un chèque de caution comme garantie. C’est comme dans toutes les grandes villes, beaucoup de personnes cherchent la perle rare, le grand appartement pour pas très cher, mais à moins d’avoir des contacts ou beaucoup de chance, c’est difficile à trouver.

Pour ce qui est de mon activité professionnelle, je travaille en tant que Freelance, donc je ne peux pas vraiment en parler. J’entends beaucoup dire autour de moi que trouver un travail est plus facile qu’en France.

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Quels sont les changements culturels dans la vie de tous les jours qui vous ont le plus surpris ?

L’absence de rituels autour de la nourriture et des repas. En France, les repas sont totalement sacralisés. Il y a des règles à respecter. En France, on mange à certaines heures, on attend que tout le monde soit à table pour commander, on attend que tout le monde soit servi pour commencer à manger, puis les serveurs attendent que tout le monde ait fini pour débarrasser. Aux Etats-Unis, il n’y a aucune de ces règles. C’est déroutant au départ et ça peut passer pour du manque d’éducation ou du manque de professionnalisme. Mais c’est juste la norme, en fait. La nourriture et se mettre à table n’a rien de sacré ici. Et encore aujourd’hui, ça me surprend.

// VOTRE QUOTIDIEN D’EXPATRIE

Sheep meadow à central park USAAvez-vous conservé vos habitudes alimentaires françaises ?

J’essaye de conserver les horaires des repas à la française. Je ne prend pas de petit-déjeuner, mais je déjeune vers midi-30 et je dîne vers 20h. Pour ce qui est des aliments, j’ai quasiment arrêté le pain, le fromage et la charcuterie qui ont tendance à beaucoup me décevoir. Autrement, je me méfie des boulangeries “à la française” et autres restaurants français. Les prix y sont souvent très élevés pour une qualité parfois discutable. Donc je m’adapte, je fais attention à ce que j’achète et cuisine parfois français à la maison.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le mode de vie américain et inversement ?

J’aime l’esprit des gens. La dynamique est moins plaintive et négative qu’en France (notamment qu’à Paris). Les gens sont plus positifs en général et ont davantage tendance à féliciter les initiatives des autres plutôt qu’à les critiquer. C’est largement plus motivant et stimulant pour moi. L’excès de positivité se fait parfois ressentir et est clairement agaçant, mais je préfère ça à la complainte constante de chez nous.

Ce qui me plait moins ici ce sont les coûts. Tout se paie et tout est cher. On a un peu l’impression de passer constamment à la caisse. Puis entre les prix affichés hors taxe, les tips… On paie rarement le prix indiqué ce qui est étonnant. On comprend mieux pourquoi les américains travaillent tout le temps. La vie est chère, et rien n’est cadeau.

Le système de santé américain est complexe et le coût des soins demeure très élevé. Comment gérez-vous ce point ?

Un véritable casse-tête. J’ai opté pour une assurance pour expatriés qui a l’avantage d’être plus simple à comprendre qu’une assurance américaine. De façon générale, les prix sont élevés et il est difficile de comprendre ce qui est inclus et ce qui ne l’est pas. Autrement, je fais attention à mon hygiène de vie, bien plus qu’en France. Un mal pour un bien ?

“Astoria, un chouette petit quartier très cosmopolite, rempli de petites boutiques, de marchés et petits restaurants.”

Quel est le quartier de votre ville que vous affectionnez tout particulièrement et pourquoi ?

Je vis dans un quartier du Queens qui s’appelle Astoria. C’est un chouette petit quartier très cosmopolite, rempli de petites boutiques, de marchés et petits restaurants. Cela me rappelle beaucoup les quartiers populaires européens. On peut tout faire à pieds sans voiture ou métro, on y mange bien, et on est loin du “rush” de Manhattan. L’avantage majeur d’Astoria, c’est de pouvoir rejoindre Manhattan en 15 minutes de métro. Autrement, je ne dis jamais non à une promenade dans les rues de Soho. Même si c’est un peu cliché.

Queens Astoria New York USA
L’Amérique c’est aussi des paysages urbains magnifiques

Avez-vous le sentiment de “vivre le rêve américain” comme d’autres avant vous ?

Je ne suis pas parti aux Etats-Unis avec 3$ en poche et avec comme ambition de créer un empire et faire fortune, comme d’autres avant moi. Je suis venu démarrer ma vie de jeune marié avec la personne que j’aime. Pour le moment, tout se passe bien, la vie à New York est bien agréable. Elle est parfois un peu difficile, surtout en hiver ou pendant le confinement du Covid-19. Mais dans l’ensemble j’aime vivre ici. Je m’y sens à la maison et en sécurité. Alors pour le moment, oui, je peux dire que je vis le rêve américain.

Recommanderiez-vous New York / les USA à une famille française qui souhaite changer de vie ?

New York est un bon choix pour une expatriation. Le mode de vie New Yorkais est relativement proche du mode de vie européen, la ville est agréable et très cosmopolite. On ne vous regardera pas de travers si vous avez un accent. Dans l’ensemble les gens sont patients si vous cherchez vos mots. Je sais que les communautés d’étudiants français et d’expatriés sont très actives. Je pense que New York, malgré son coût de la vie très élevé est un bon choix pour un tel changement de vie. C’est une transition en douceur entre l’Europe et les Etats-Unis.

// VOS RACINES

Carte de l'Europe avec la France aux couleurs nationalesVous est-il déjà arrivé d’avoir “le mal du pays” ?

Plus souvent que je ne l’avoue. Je suis très attaché à la nourriture française et la transition vers la nourriture américaine a été (et est toujours) très difficile pour moi. Je me rêve parfois d’une assiette de charcuterie et de bon pain frais sur une terrasse au bord de la Seine. Mais je sais pertinemment qu’à moins de retourner en France, ces plaisir là sont inaccessibles.

Avez-vous conservé des contacts avec la France et à quelle fréquence y retournez-vous ?

Je n’y suis pas retourné depuis mon départ mi-2019. Je ne pouvais pas facilement quitter le territoire américain alors que j’étais dans les procédures pour la Green Card. Puis il y a eu le Covid-19 qui a particulièrement touché New York. Alors je reste ici pour le moment, en attendant un meilleur moment pour rentrer. Je suis toujours très en contact avec ma famille et mes amis en France cependant.

Qu’est-ce qui vous manque le plus de l’hexagone ?

Ma réponse va être très clichée : la nourriture et l’art de vivre à la française. Les américains ont la fâcheuse manie de vouloir tout optimiser. Difficile de trouver quelqu’un avec qui flâner dans les rues, ou bien avec qui refaire le monde autour de quelques verres sur une terrasse. Bien souvent, on se retrouve pris dans une spirale de productivité, où il ne faut jamais s’arrêter, faire plus que les autres, et mieux optimiser son temps libre. L’art de prendre son temps, de profiter de l’instant présent et les plaisirs simples me manquent parfois.

Tranches de saucisson, cornichons et lavande à la française
Quelques fines tranches de saucisson français pour ne pas oublier ses origines

// CONCLUSION

Et si cette expatriation en particulier était à refaire ?

Je ne changerais rien de cette expérience. New York est une ville fantastique et je suis content d’y vivre et de m’y être adapté. C’est une ville qui n’est pas facile et qui m’a prouvé que je pouvais vivre dans des conditions difficiles : le climat n’est pas des plus simples, la ville est grande, bruyante, la vie y est chère et les habitants n’ont pas la réputation d’être des plus sympathiques. Pourtant, je m’y plais, et je me dis qu’à côté de New York, toutes les villes où je pourrais vivre à l’avenir seront sans doute plus clémentes.

Avez-vous d’autres projets d’expatriation ?

On pense souvent à déménager en Europe avec ma femme. Nous ne savons pas trop quand ni comment pour le moment. Mais on pense de plus en plus à Amsterdam. Nous verrons avec le temps, mais nous voyons notre futur tous les deux plutôt en Europe. Quoi qu’il en soit, je suis sûr que l’expérience sera aussi enrichissante et plaisante que celle de vivre à New York.

Que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir ?

Que mes expatriations futures se passent aussi bien que celle-ci, et j’espère que le contexte sanitaire ne découragera pas les gens à vouloir s’expatrier et à tenter l’expérience.

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